A l’aune de la COP26, comment investir de façon plus verte ?

A l’aune de la COP26, comment investir de façon plus verte ?

« Lhumanité a longtemps joué la montre sur le climat. Il est minuit moins une et nous devons agir maintenant », c’est sous cette déclaration impactante et alarmiste lors de l’ouverture de la COP26 que Boris Johnson a souhaité insuffler une dynamique au sein de la réunion internationale. 

Clôturée récemment, cette COP26 réunissait près de 200 dirigeants mondiaux avec l’objectif presque sempiternel de limiter le réchauffement climatique. Mis sous pression par le dernier rapport du GIEC, les dirigeants avaient des objectifs ambitieux mais les décisions qui ont été prises sont bien timides en comparaison (à l’image de la diminution plutôt que la suppression de l’utilisation du charbon).

Au niveau européen, le New Green Deal porté par Ursula von der Leyen de la Commission Européenne va mobiliser 750 Mds d’Euros sur les 10 prochaines années, en faveur de la transition environnementale et aider les régions à devenir indépendantes des énergies fossiles. Le plan de relance français prévoit également de dédier à la transition énergétique 30 Mds d’€ sur les 100 Mds.

Alors que le sujet environnemental devient prédominant et que la problématique écologique s’installe durablement, la finance n’est pas en reste. La finance durable, verte, et les investissements socialement responsables sont dans l’air du temps, quelle est la situation actuelle au sein des fonds « verts » ?

Novethic, organisme spécialisé en finance durable et en charge d’attribuer le label Greenfin a publié une étude en novembre 2021 révélant une forte dynamique du secteur (+120% entre 2019 et 2020 en termes d’encours dans les fonds verts européens) mais le poids de ces encours reste minime au sein des fonds européens (1,3%). 

Par ailleurs, tous les fonds verts n’ont pas le même degré d’exigence, notamment au regard de la sélectivité des différents labels. Une complexité découle de la profusion des nombreux labels et se traduit sur la confiance des investisseurs (seuls 7% des investisseurs font confiance aux labels pour valider l’orientation responsable d’un placement – étude Audirep pour l’AMF, 2019).

Comment s’y retrouver ? 

Aujourd’hui il existe 4 labels français au sein des 11 labels européens : ISR, Finansol, Greenfin et CIES. Parmi ces 4, deux d’entre eux s’intéressent plus précisément à la problématique environnementale.

Le label ISR (investissement socialement responsable) a été créé en 2016 au lendemain des accords de Paris. Celui-ci s’appuie sur 3 axes : l’environnement, la société et sur les enjeux de gouvernance (ou ESG) en finançant les entreprises qui contribuent au développement durable dans tous les secteurs d’activités. Les fonds labellisés ISR n’étaient que 263 en 2019 alors qu’ils sont désormais 841. Si ce label constitue une première approche prometteuse vers une finance plus responsable, ses exigences sont en pratique modérées puisque nous pouvons retrouver Total ou  BNP au sein de fonds labellisés ISR.

A côté, le label Greenfin existe depuis 2015, avec une ambition plus élevée. D’une part, les catégories d’activités éligibles à la labellisation sont réduites (énergie, gestion des déchets, transports propres…), d’autre part, des catégories d’activités sont exclues telles que les énergies fossiles ou la filière nucléaire.  Ainsi, au sein des fonds labellisé ISR, seuls 8% sont également labellisés Greenfin.

Face à une multitude de labels et un manque regrettable de lisibilité, le rôle du conseiller financier sera  primordial pour accompagner les investisseurs afin de découvrir et de comprendre au mieux ces nuances.

En guise d’illustration, les fonds Mirova Europe Environmental Equity et Sycomore Eco-solutions sont labellisés ISR et Greenfin.

La stratégie de « Mirova Europe Environmental Equity » repose sur 6 thèmes d’investissements: les énergies renouvelables, le bâtiment, la mobilité propre, l’efficacité énergétique industrielle, la gestion durable de l’eau de des déchets et l’utilisation durable des terres. 

De son côté, « Sycomore Eco-solutions » va au-delà des exigences Greenfin et exclut les entreprises aux activités destructrices de capital naturel. Il se concentre sur 5 domaines: mobilité, énergie, rénovation/construction, économie circulaire et activités liées aux écosystèmes.

En plus d’être responsables, les fonds verts peuvent donc innover dans leur démarche, en additionnant des conditions supplémentaires à celles des labels.

En définitive, même si des efforts demeurent nécessaires, des progrès sont perceptibles et bienvenus afin qu’une réelle démocratisation des fonds verts se produise.