Inédit ! Les emprunts et obligations vertes ont plus rapporté aux banques que leurs homologues fossiles en 2021 (Bloomberg – 5 janvier 2022), soit $3,4 Mds contre $3,3 Mds, par le biais des frais bancaires (rémunération en contrepartie de la mise en place de ces dettes).
Côté vert, 2 banques françaises figurent dans le top 5 mondial des sommes perçues dans la mise en place des emprunts et obligations vertes : BNP Paribas, championne avec $159,6 millions perçus devance de 2 places le Crédit Agricole avec $123,8 millions reçus. Ce positionnement pourrait même se bonifier avec le projet européen de labellisation verte de l’industrie nucléaire (Europa.eu – 31 décembre 2021).
Côté fossile, aucune banque française ne figure dans le top 5 mondial. Un engouement pour le financement vert semble apparaître au sein des banques tricolores.
Plus précisément, ce sont les obligations vertes qui ont particulièrement la cote. Pour exemple, l’Union Européenne a reçu plus de €135 milliards de demandes pour une levée de €12 milliards à l’émission de ses premières obligations vertes en octobre dernier (Novethic – 31 décembre 2021), un record !
Petit retour sur ces morceaux de dette prisés par les banques et les investisseurs.
Comment et pourquoi des obligations sont-elles « vertes »
Une obligation verte reprend le fonctionnement d’une obligation : des émetteurs empruntent à des investisseurs. Ces derniers sont rémunérés en contrepartie de ce financement. L’obligation constitue alors une part de cet emprunt.
La nuance repose sur l’objet du financement. Là où une obligation fossile servira à financer des projets en lien avec le pétrole ou le charbon, l’obligation verte contribue à la transition écologique (énergies renouvelables, réduction des émissions…) tout en livrant à l’investisseur un reporting détaillé sur les projets financés et le caractère vert du projet.
La banque se rémunère alors sur la mise en place et le suivi de ces obligations puisqu’elles demandent plus de moyens pour leur émission et leur reporting qui suit. Il est courant que les Institutions confient ces tâches aux banques. Pour exemple, l’Union Européenne a mandaté le Crédit Agricole et Deutsche Bank pour son émission obligataire.
Des obligations vraiment vertes ou des outils de greenwashing ?
Le principal reproche formulé à l’encontre de ces obligations vertes porte sur un possible greenwashing. Certaines entreprises utiliseraient l’imprécision des règles autour de ces obligations pour verdir leur image.
En guise d’exemple, Bloomberg pointe du doigt la banque JPMorgan qui assiste fortement les dettes vertes ($159,2 millions perçus) mais elle soutient encore plus la dette fossile ($226 millions perçus).
Malgré l’existence de Green bond principles (définis par l’International capital maket association) et de labels pour les fonds verts (voir notre article du 03/12/2021), aucun standard ne permet d’attester de la dimension environnementale des projets financés. Cette absence de cadre se traduit par des méthodes de reporting éparses.
Comme tout marché en émergence, celui des obligations vertes subit des critiques, surtout en rapport avec la crédibilité de leur qualification « verte ». La volonté des banques de financer plus vert est indéniable, reste à savoir si cette montée en puissance des obligations vertes prospérera après la mise en place d’une éventuelle règlementation encadrant ces obligations.
L’arbitrage entre volonté de financement vert ou greenwashing pourra alors être établi.